Chroniques

Mais que mangent les coureurs de la Solitaire du Figaro ?

25 mai 2015
Clément Salzes1 - crédit photo Bénédicte Salzes
Vous êtes-vous déjà demandé ce que pouvaient bien manger les navigateurs en solitaire perdus au milieu de l’océan des jours durant ? Moi oui ! A l’occasion de la Solitaire du Figaro, qui partira de Bordeaux le 30 mai, Clément Salzes, jeune coureur bordelais, nous dit tout sur ses habitudes alimentaires. Car entre contraintes et petits plaisirs, l’alimentation devient un facteur-clé de la réussite de la course.

Un peu à la bourre, Clément Salzes, 32 ans, barbu ténébreux (mais souriant) au look de surfeur décontracté, arrive au rendez-vous. A moins de 20 jours du départ de la Solitaire du Figaro, il lui reste mille points à régler, entre préparation du bateau, logistique, mise en condition physique et mentale, gestion des partenaires et communication. Sous son bras, une grande glacière remplie de victuailles : un échantillon des produits fétiches qu’il embarque sur son bateau. Au premier regard, rien de très alléchant et gourmand. Des compotes en gourdes, des fruits secs, des barres de céréales, des boissons énergisantes, des plats lyophilisés. Il faut dire que les contraintes sont nombreuses sur un bateau : pas de réfrigérateur, peu de place, des aliments souvent consommés debout dehors ou dans un bateau qui gîte, et surtout, surtout, des besoins nutritionnels bien spécifiques.

Tout l’enjeu pour un coureur au large sera de trouver le bon équilibre alimentaire pour anticiper les phases d’effort, de vigilance et de récupération, tout en maîtrisant sa digestion. Un cocktail savamment dosé de protéines, de glucides complexes et d’acides gras essentiels. Si les glucides favorisent l’endormissement, une collation riche en protéines accroîtra la vigilance. Les aliments deviennent « alicaments », un véritable carburant.

Mais ôte-moi d’un doute Clément : les plats lyophilisés, c’est bon ? « Ca a le mérite d’être chaud et consistant, voire réconfortant. On a même de bonnes surprises. Personnellement j’aime bien les risottos et le hachis Parmentier. » Effectivement le marché des lyophilisés est en bonne santé. Hasard ou évidence, le site Lyophilise.fr est basé à Lorient, au sein du Pôle Course au Large. Plus localement, la société Falières Nutrition, installée à Captieux, produit des lyophilisés, dont la marque « Voyager » est assez reconnue.

Poursuivons l’inspection. Il y a du mieux par ici. Du chocolat, du saucisson, du vin rouge, des pop corns bio Hop o Pop, du café de L’Alchimiste ! On appelle ça des aliments plaisir. La course au large, c’est aussi une question de mental. Déjà que les conditions sont dures, si en plus l’assiette est monotone, on court à la dépression.

Intègre-t-on une dimension durable et écologique vis à vis de son alimentation dans un projet Figaro ? « Si ça peut vous rassurer, je ne balance pas mes déchets par dessus bord ! Je stocke et je trie au retour. Plus sérieusement, les produits alimentaires « outdoor » sont suremballés, rarement recyclables. Il y aurait des progrès à faire de côté-là. Quant à la dimension bio et locale dans l’alimentation elle-même, j’essaie au maximum. »

Et le vin rouge Clément, c’est pour jouer la carte « ambassadeur de Bordeaux » ou tu comptes vraiment le boire ? « Le rouge c’est plus pour le symbole. Cela dit si vous me voyez l’ouvrir, c’est soit que je suis loin loin devant les autres et que j’ai quelque chose à fêter, soit que je suis à la ramasse et que je noie mon chagrin ».

Gageons que la première option sera la bonne. On lui souhaite de terminer dans les 15 premiers coureurs, son objectif affiché. Rendez-vous sur la ligne de départ le 31 mai à Pauillac.

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