Adresses Chroniques

Etes-vous plutôt Dune blanche ou Puits d’amour ? Ces gourmandises divines qui divisent les gourmets

7 février 2015
DSC_0610
Si vous êtes bordelais et que vous n’avez jamais croqué dans une Dune blanche de Chez Pascal au Cap Ferret, c’est évident, vous avez raté votre intégration culinaire. Mais si, en plus, vous n’avez jamais goûté un Puits d’amour de la Maison Seguin à Captieux (fraîchement installée à Bordeaux), alors là vous êtes carrément à côté de la plaque et on se fera une joie de vous le faire ressentir lors d’un prochain dîner mondain.
Car c’est une bataille féroce qui sévit sur les bonnes tables bordelaises, à en faire pâlir les Montaigu et les Capulet, opposant d’un côté les adorateurs de Dunes blanches et de l’autre les fervents défenseurs du Puits d’amour (Un conseil, si vous voulez briller en société, il vous faudra impérativement avoir un avis tranché sur la question).
Au-delà des clichés, qu’est-ce qui a fait de ces deux pâtisseries minimalistes des « must-taste » locaux ? Peut-on parler d’une vague des desserts légers ou bien seront-ils rapidement détrônés par une nouvelle pâtisserie à la mode ?

Naissance de deux légendes

Comme tous les desserts mythiques, la Dune blanche est une sorte d’accident de parcours qui, après les sœurs Tatin, a touché le fils de Pascal Lucas. Pour tuer le temps lors de ses longues journées d’hiver à Piquey, il avait pour habitude de tremper les chouquettes fraîchement sorties du four dans la « crème-dont-on-ne-doit-pas-révéler-le-secret » habituellement utilisée pour d’autres desserts. Il eut l’idée d’en commercialiser une plaque, le succès fut immédiat, la Dune blanche était née. C’était en 2008 et depuis, Pascal écoule plus de 5000 dunes certains jours du mois d’août et il a ouvert une deuxième adresse au Canon.

Quant au Puits d’amour de Captieux (qui s’apparente plus à une polka, avec sa coque de pâte à chou garnie de crème chiboust caramélisée au fer), il faisait déjà des émules dans une pâtisserie de Soulac-sur-Mer dans les années 1940, quand Monsieur Seguin père, alors jeune pâtissier, a exporté la recette dans son village de Captieux. Ses enfants Jacques et Marie-Josée ont repris le flambeau, puis ont à leur tour cédé la boutique (et le tour de main) à deux jeunes entrepreneurs bordelais, Brice Leguillon et Stéphane Gonzalez, en 2012. Ces derniers ont ouvert une deuxième adresse à Caudéran en novembre 2014, avec la ferme intention de faire perdurer le succès du Puits d’amour de Captieux. (C’est à ce moment-là qu’il faudra vous prononcer entre le Puits d’amour des Seguin vs celui des nouveaux propriétaires).

Un succès sans faille

Ces petites pâtisseries ont créé l’engouement, c’est un fait. Serait-on en présence d’un cas de snobisme aigu ? Si le snobisme est une « admiration inconditionnelle pour les opinions en vogue dans les milieux tenus pour distingués », il aurait fallu que certains trend-setters passent par le Cap Ferret et Captieux. Quand on sait que la clientèle de Pascal est composée à 70% de bordelais et de parisiens en vacances sur la chic péninsule, on peut y trouver un début de réponse.

Ajoutez à cela un étrange phénomène très en vogue dans ces « milieux tenus pour distingués », qui consiste à ériger certaines adresses au rang d’institutions : les huîtres de chez X, le pain de chez Y, les Dunes blanches de Chez Pascal. Sans oublier une fierté incommensurable de faire découvrir à ses pairs ignorants l’une de ses bonnes adresses « Comment ? Tu ne connais pas les Puits d’amour de Captieux ? » Nous y sommes. En partie.

La rançon du succès, c’est évidemment d’inspirer la concurrence

Car une bonne adresse ne l’est-elle pas avant tout grâce à la qualité de ses produits, provoquant un bouche-à-oreille spontané ? Qu’est-ce qui rapproche la Dune blanche du Puits d’amour, mis à part que l’un et l’autre soient incroyablement bons ? C’est la fraîcheur et la légèreté d’un dessert, que dis-je, d’une gourmandise dont on ne fait qu’une bouchée. Pascal et Seguin exploitent tous deux la niche du dessert léger, à des kilomètres des pâtisseries traditionnelles à base de crème au beurre et de praliné. Côté prix, avec une Dune blanche à 0,80€ et un Puits d’amour entre 0,70 et 0,90€, cela reste accessible.

De là à dire qu’une tendance de la pâtisserie se dessine, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. La rançon du succès, c’est évidemment d’inspirer la concurrence. Mais ne dit-on pas « souvent copié, jamais égalé » ? (Donnez le coup de grâce en vous positionnant sur la «contre-battle » Dune blanche de Pascal vs Dune de la pâtisserie David aux Grands Hommes. Là vous serez au top).

Quant à savoir qui l’emporte dans la bataille entre Dune blanche et Puits d’amour, la saisonnalité de l’un entretient la dualité, puisque comme le dirait Virginie, bordelaise largement initiée au débat « suivons sagement notre estomac, au printemps tu ne rêves que de Dunes blanches, mais à la fin de l’été c’est l’overdose, tu bascules dans le clan des Puits-d’amour-addicts !».

 

Articles recommandés